La France, cette nation féminine

Et si l’impact de la culture n’était pas si anodin …

 

Culture

 

Partout, j’entends dire que la diffusion du Lean est indépendante de notre culture.

 

 

Oui, oui, je parle bien de notre culture … FRANÇAISE !!!

 

 

Pourtant, il faut bien se rendre à l’évidence. La France est une des nations les plus allergiques au changement et en particulier à la mondialisation.

La France a peur de la mondialisation.

 

Mais pourquoi cette angoisse, cette crispation ?

 

Je souhaiterais partager avec vous une partie du travail réalisé par Zahir MESSAOUDENE.

Zahir est enseignant-chercheur à l’ECAM de Lyon. Il est également responsable pédagogique du Mastère Lean management et amélioration continue et directeur du CERSYL, le Centre d’Etudes et de Recherche sur le SYstème Lean.

Découvrez la page du CERSYL

 

Dans l’une de ses publications, il évoque la culture du pays comme étant un élément à prendre en compte dans le succès de la diffusion du Lean.

Il se base sur les informations recueillies par Geert Hofstede, psychologue Néerlandais qui a travaillé sur le “Culturalisme”

M. Hofstede compare les cultures entre différentes nations en s’appuyant sur les cinq critères que sont :

  • La distance hiérarchique

C’est le degré d’acceptation culturelle des inégalités de statuts et de pouvoir entre les individus. Cette dimension révèle le degré de respect dont font preuve les gens vis-à-vis de leur hiérarchie et de l’autorité.

  • L’individualisme

Il exprime le degré de liberté d’un individu par rapport à un groupe, mais aussi le degré d’autonomie par rapport au groupe et aux normes sociales, la plus ou moins grande solidarité du groupe et le degré d’attachement aux valeurs communautaires comme l’amitié ou la famille.

  • Le Masculin

Il s’agit de savoir si une société est, d’une part, plutôt plus sensible à des facteurs émotionnels (féminin) ou factuels (masculin) et, d’autre part, organisée avec une séparation marquée ou non des rôles des deux sexes dans les tâches de la vie quotidienne.

  • Le Contrôle de l’incertitude

Cela désigne le degré de tolérance qu’une culture peut accepter face à l’inquiétude provoquée par les événements futurs. La relation à l’incertitude est différente selon les sociétés. Certaines utilisent des prévisions et des dispositifs pour gérer les événements (comme Vigipirate ou le principe de précaution en France). D’autres sociétés se font moins de soucis face à l’incertitude.

  • L’orientation / Philosohie orientée “long terme”

Hofstede lui-même associe le long terme aux valeurs de la vertu. Les valeurs associées au court terme sont le respect des traditions, satisfaire des obligations sociales. Les valeurs associées à une vision à long terme (dite « vérité ») sont économie et persévérance.

 

Et la France dans tout ça ??!!!

 

Rassurez-vous, point de long discours. Je me suis amusé à utiliser le comparateur de M. Hofstede. Il est disponible sur le site THE HOFSTEDE CENTRE.

 

La France, le Japon et les USA

 

FR JP USA

 

La France et l’Europe

 

FR EUROPE

Nota : Seule l’Espagne est aussi basse que nous concernant l’aspect “Masculin”, mais en contrepartie, l’individualisme y est moins fort. Ceci peut expliquer en partie pourquoi le pays se redresse aussi bien après avoir subi le cataclysme de la crise. Tous dans la même “galère”, on se retrousse les manches et on y va ensemble …

 

La France, la Hongrie (un “Pays de l’Est”) et le Maroc (Maghreb)

 

FR EST MAGR

 

La France et les pays “émergents” (Inde, Chine et Brésil)

 

FR EMERGEANT

 

Que faut-il retenir ?

 

Je pourrais dire que le fort taux de “distance hiérarchique” allié à un assez fort taux “d’individualisme” reflète cette France élitiste (celle des écoles d’ingénieurs, système, je le rappelle, unique au monde), cette France des “petits chefs”, malheureusement plus encline à sauvegarder ses acquis ou privilèges qu’à bouger et avancer.

Je pourrais certainement dire aussi que le fort taux de “contrôle de l’incertitude” est à l’image d’une France dont l’éducation et la formation sont essentiellement axées sur la technique. Cette France là cherche par tous les moyens à maitriser cette incertitude qui l’effraie tant (la peur du changement, de l’inconnu …).

 

Mais ce qui m’a le plus surpris, c’est à quel point la France est … une nation “féminine”.

Et cela se traduit directement dans notre système de management des organisations et des hommes. En France, nous manageons et prenons nos décisions en tenant trop compte …

 

… de nos émotions … et pas assez des faits !!!

 

Or le terrain émotionnel fait la part belle aux croyances et peurs irrationnelles … ce qui explique aussi notre forte volonté à vouloir contrôler l’incertitude.

 

La boucle est bouclée, le cercle vicieux est en marche

 

Voilà pourquoi je suis convaincu que le Lean peut-être un bon moyen pour sortir de ce cercle infernal.

 

Le Lean nous oblige à être factuels !!!

 

 

Et vous, pensez-vous comme moi que la France

est un joli brin de fille un peu trop émotive ?

 

 

 

5 Comments

  1. Bonjour Éric, je suis septique car je trouve que c’est un peu trop caricatural comme hypothèse avec cette opposition Féminin = émotions / Masculin = Faits… Le monde de l’entreprise et son quotidien obligent à une réalité il me semble beaucoup plus nuancée, heureusement. A débattre !

    • Bonjour Véronique,

      un gros merci pour ton commentaire. Il me fait réfléchir.

      Ai-je été si caricatural ? Après réflexion …………… je dirais NON ! Et même je pense le contraire…

      En revanche, le fait de vouloir écrire un article pas trop long et fastidieux à lire, m’a probablement poussé à un peu simplifier les choses.

      J’avoue que l’opposition Féminin = émotions / Masculin = Faits est un peu stéréotypée. Mais elle fait surtout office de métaphore pour comparer deux typologies de comportements.

      D’un côté le Féminin associé aux émotions. Les émotions sont la joie, la peur la crainte, le doute, la colère, l’envie … (liste non exhaustive 🙂 ). A ces émotions sont traditionnellement associés des comportements tels que le jugement, l’interprétation, l’impression, la subtilité ou encore l’intuition … et bien d’autres encore.

      De l’autre côté le Masculin associé au factuel. Cela renvoie aux chiffres, à l’analyse, à la comparaison, au cartésien, à l’objectivité, mais aussi à la froideur, à la confrontation …. A ces mots sont souvent associés des comportements d’arbitrage, de choix équitable, de justice, de leadership, d’autorité (dans le sens faire autorité naturelle ou légitimité, pas autoritarisme)… mais aussi des défauts comme l’insensibilité et le manque d’empathie.

      Par exemple, beaucoup de patrons sont reconnus comme paternalistes. Eh bien, je pense que le paternalisme se situe plus du côté « Féminin » que du côté « Masculin ».

      Pour ma part, je pense que l’idéal est dans l’équilibre. Trop de Féminin, comme trop de Masculin est nuisible. C’est pour cela que la mixité des genres est si importante. Faire collaborer des caractères « féminins » avec des caractères « masculins » est une nécessité. Tu l’auras compris, je ne parle pas de sexe; on peut être un « homme féminin » et une « femme masculine ». Inutile de prendre des exemples 😉 …

      Mais d’une manière générale, je pense qu’en France, beaucoup trop de décisions sont prises dans les bureaux sur des impressions, avis, jugements et interprétations sans jamais être « descendu » sur le terrain « prendre la température », observer les faits et recueillir des données. Pourquoi ? En partie parce que recueillir des données sur le terrain, c’est parfois long, peu amusant, peu valorisant, que cela emm…. tout le monde et surtout, parce que l’on pense que l’on va « y arriver sans ».

      Dès lors, on constate qu’un grand nombre de décisions ont été prises … en se basant sur de « l’à-peu-près ».

      Mon prochain article rependra ce thème et j’y présenterai un exemple que j’ai vécu dans mon premier emploi.

      Véronique, tu me connais assez pour savoir que je ne suis ni « macho », ni sexiste (quoi que, à y réfléchir 😉 ). Par contre, la provocation … j’aime bien …

      Merci encore pour ce commentaire qui m’a permis de développer un peu plus mon argumentaire.

      A bientôt,

      Eric

  2. Eric, tu me connais, alors tu ne vas pas être surpris que je te dise que les tableaux sont…

    FLOUS !

    Donc qu’ils ne montrent

    RIEN !

    • Salut Manu (Les Praticiens du Lean),

      je te remercie pour ton commentaire.

      Oui c’est vrai je te connais, … mais ton commentaire me surprend quand même !!!

      Pourquoi dis-tu que les tableaux sont « flous » ?

      Il y a bien 5 critères, que j’ai pris soin de préciser selon les explications trouvées sur la page Wikipédia de M. Geert Hofstede, et chaque mesure est indiquée par un chiffre.

      Par exemple, on voit bien que les profils des Américains et des Anglais sont très proches. De même, notre profil se situe entre « l’Espagne et l’Italie ».

      Je trouve que se baser sur ces tableaux est plus factuel que de lancer des affirmations en l’air … non ?

      Explique-moi davantage ce que tu veux dire, cela me/nous permettra de mieux comprendre. Merci.

      A+, Manu,

      Eric

  3. Pingback: Lean : C'est pour quand ? | Au fil du Lean ...

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