Le Mura (1/2)

Mura ou le fléau de l’instabilité

 

Toy Story - le grappin

 

Vous vous souvenez très certainement de ce chef-d’oeuvre cinématographique 😉 ; j’ai nommé …

 

Toy Story

 

Vous vous souvenez alors aussi de la communauté des petits martiens verts à trois yeux. Ils se trouvaient dans la machine à grappin de la foire et ils disaient en cœur …

 

Le Grappin est notre Maaaaaaaîîîîîître

 

Et bien nous, c’est “tout pareil”. Dans notre communauté Lean, tous les “Geek du Lean” (comprenez les allumés du Lean), les “Lean Addict” (les accros), vous le diront :

face-grin

 

Le Flux est notre Maaaaaaaîîîîîître

 

 

Et le Mura dans tout ça ?

 

zurg1

 

 

Le Mura c’est : ZURG !

 

Le pire ennemi !!! 🙂

 

 

Plus sérieusement … un des outils du Lean pour «Apprendre» est la mise en œuvre du flux.

Attention, le flux n’est pas une fin en soi. Il n’est que le révélateur de la maturité Lean de votre entreprise.

Plus le flux est régulier et s’écoule sans encombre, plus votre boite a des chances d’être sur la voie du Lean.

 

Vous comprenez alors que ce qui est recherché est la stabilité de l’écoulement du flux.

Cela sous-entend que les processus qui créent ce flux soient eux-mêmes particulièrement stables.

Et qui dit processus stables, dit processus maîtrisés, dans l’idéal, sans surprises, sans à-coups, sans variation.

 

Comme nous l’avons vu dans un premier article sur le sujet (voir Muri, Mura, Muda : Les 3 M), le Mura concerne la variation et l’irrégularité dans l’écoulement du flux. Cela peut correspondre à une demande client très variable, mais aussi à la variation du temps de cycle entre deux pièces fabriquées par un même opérateur, ou encore entre deux opérateurs fabricant le même produit.

 

Quelques situations et exemples de Mura

bouchon autoroute

 

L’une des plus classiques, vous la rencontrez sur les autoroutes les jours de départ en vacances.

L’autoroute est dimensionnée pour laisser s’écouler un certain débit de véhicules. Lorsque ce nombre augmente, le “tuyau” restant le même, il a tendance à se saturer.

Mais il est un phénomène curieux. C’est l’apparition des bouchons bien avant que la limite de capacité de l’autoroute ne soit atteinte. Cela est dû à l’effet “accordéon”.

Pour faire simple, vous roulez normalement, lorsque vous rencontrez un bouchon qui peut aller jusqu’à vous immobiliser totalement. Vous patientez et pensez qu’il y a eu un accident. Mais non, cela repart tout à coup, et vous n’avez pas aperçu l’ombre d’une dépanneuse …

En fait, cela s’explique par le différentiel de vitesse qui existe entre les automobiles. Plus l’écart entre les rapides et les lents est grand, plus cela génère des alternances d’accélérations et de freinages.

Ces “à-coups” sont des perturbations du flux et vous font perdre beaucoup de temps.

Une des méthodes utilisées par la sécurité routière est alors d’abaisser la vitesse limite de 130 km/h à 110 km/h (et de placer quelques “jumelles” le long du parcours … grrrrr!!!!). Ce faisant elle réduit, la vitesse moyenne, mais surtout, réduit l’écart de vitesse.

Grosso modo, les voitures roulent plus lentement, mais beaucoup plus régulièrement, ce qui a pour effet d’améliorer considérablement le débit horaire de véhicules.

Moralité : Ces jours-là, en roulant plus lentement … vous allez plus vite !!! C’est logique, non ? 😉

 

travail-a-la-chaineUn autre exemple de Mura est la variation du temps nécessaire pour effectuer une tâche répétitive.

Si le Takt (voir l’article sur le Takt time ) est de 60 secondes, mais que vous réalisez l’opération avec une variation de 30 secondes (de 50 à 80 secondes), vous allez générer une alternance d’attentes et d’accélérations chez votre “client” qui est le poste suivant.

On se retrouve alors avec un flux perturbé par des à-coups, très similaire à ce que nous avons vu sur l’autoroute. Votre flux fait l’accordéon.

 

De même, la variation rapide et aléatoire de la demande client est aussi du Mura. Passer d’une production de 1 000 pièces une semaine, à zéro la suivante, puis 600 la suivante … n’est guère un environnement favorable à la stabilité. Une fois encore on peut y voir l’effet accordéon.

 

On peut aussi parler de l’utilisation de certains “monuments” qui sont devenus surdimensionnés avec le temps et qui ne fonctionnent correctement qu’à leur valeur nominale technique. Ils poussent dans le flux une “vague” de produit qui s’apparente plus à un Tsunami. Je repense notamment à cette aciérie qui produit un métal spécifique par “poche” de 80 tonnes pour des commandes clients oscillant entre 8 et 15 tonnes.

 

Le mura peut aussi être généré par l’utilisation des mêmes circuits de production pour des “runners” (références qui tournent) et des produits rares. Mettez une deux-chevaux dans une course de F1 et voyez le résultat. Cela gêne l’écoulement du flux. Derrière la “deux-deuch” ça freine, une fois doublée, cela accélère (accordéon). On retrouve l’analogie de l’autoroute mais portée à son paroxysme, et même si le circuit n’est pas saturé (pas un jour de départ en vacances).

 

La politique commerciale de sa propre entreprise peut aussi créer du Mura. En effet, la pratique de promotions sur le prix de vente va gonfler artificiellement la demande et générer une surpression souvent suivie d’une dépression (anticipation de l’achat prévu pour bénéficier de l’opportunité).

 

Une fois encore, c’est l’accordéon

 

accordeon

 

Effet accordeon

 

 

 

 

 

 

 

Dans la seconde partie de cet article, nous aborderons :

 

  • Quels sont les impacts et les conséquences du Mura
  • Quels sont les Mudas (gaspillages) générés par le Mura
  • Quelle est l’origine du Mura
  • Qui ou quoi est responsable du Mura

 

 

 

Et dans votre boite, l’effet accordéon, comment le percevez-vous ?

 

 

 

 

3 Commentaires

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