Docteur Knock du Lean

Tout passionné du Lean en rêve, et pourtant …

 

 

 

Pour faire court, l’histoire du docteur Knock est celle d’un médecin peu scrupuleux qui fait passer les intérêts de la médecine (à vrai dire, ses propres intérêts) avant ceux de ses patients.

 

 

Animé d’une ambition mercantile et aidé par le pharmacien, il étend progressivement son emprise sur la population bien portante d’un village …

 

 

L’un de ses arguments fétiches est :

 

Un bien portant est un malade qui s’ignore !

 

 

Déformation professionnelle due au Lean

 

 

Cela vient progressivement, … avec les années, …. avec l’expérience, … au fil de l’eau, … au fil du Lean  😉

C’est vrai pour moi, mais pas seulement. Je fais le même constat pour tous mes confrères et/ou concurrents, qu’ils soient consultants, qu’ils soient responsables Lean, responsables Méthodes … ou simplement passionnés de Lean.

 

Parmi toutes les entreprises que nous visitons et qui sont en “bonne santé”, comme le docteur Knock nous pourrions dire :

 

Toute entreprise bien portante est une entreprise

pleine de Muris, Muras, Mudas, qui s’ignore !

 

Un peu comme dans Matrix. Lorsque Néo vient d’être tué par l’agent Smith, il ressuscite en parvenant à “voir la Matrice” …

L’observation de terrain (ateliers ou bureaux) nous permet de voir des détails. Cela commence bien souvent par un standard qui n’est pas respecté. Lorsque votre interlocuteur commence ses explications par “Normalement, …”, c’est que vous avez touché juste.

Chaque détail en soi n’est pas très important. Il est pourtant    révélateur    …

– révélateur d’attitudes,

– révélateur de comportements

– révélateur d’habitudes

– révélateur d’un état d’esprit

– révélateur d’une “immaturité” (industrielle, commerciale, ou simplement de la connaissance du monde qui nous entoure)

– …

 

Alors, comme Knock, nous ne pouvons nous empêcher d’essayer “d’ouvrir les yeux” à nos interlocuteurs (les patrons de ces PME).

Toutefois, nous pratiquons souvent cet exercice de façon bien maladroite

 

 

N’est pas Knock qui veut

 

Oui, je le regrette souvent. Je n’ai pas sa force de conviction, sa force de persuasion.

Peut-être parce que je suis honnête … et que lui est un escroc. Peut-être parce que je souhaite influencer et non … MANIPULER !

Mais peut-être aussi parce que ce que je propose ne “fait pas envie” alors que lui sait si bien s’y prendre …

 

C’est là une question centrale que tout bon “Lean Practionner” doit se poser.

 

Comment voulons-nous convaincre un patron, un responsable de service, un manager d’équipe ou simplement un opérateur de changer pour le Lean, de faire des efforts pour s’améliorer …

 

…  quand lui-même n’a pas “soif” d’apprendre ?!!

 

Par exemple, la plupart des patrons de PME que je rencontre n’ont pas l’ambition de devenir “N°1 mondial”.

Ils ont un “business” qui tourne. Ils arrivent à payer les salaires à la fin du mois. Ils grappillent quelques points de CA tous les ans …

 

Mais pourquoi diable aller se casser le c.. à

devenir Lean quand, ma foi, cela ne va pas si mal ?

 

 

 

Ce qu’il faut retenir

 

En qualité de pratiquant Lean, si nous voulons faire adhérer les entreprises au Lean, il faut “le vendre”, il faut le rendre “sexy”.

Je ne demande à personne de devenir l’escroc docteur Knock ! Non.

 

Mais nous savons tous que pour emprunter la voie du Lean …

 

il faut du temps !

 

Il faut du temps pour ouvrir les yeux (voir la Matrice 😉  ). Il faut du temps pour prendre conscience. Il faut du temps pour éduquer. Il faut du temps pour apprendre. Il faut du temps pour ancrer le changement dans la durée.

 

Oui, il faut du temps … des mois et même des années !

 

Et pour avoir ce temps … il faut donner à l’autre l’envie de vous l’accorder.

 

Comment aider au mieux nos entreprises à gagner en performance ? En leur paraissant érudits, mais psychorigides et ayatollahs du Lean ou au contraire en faisant preuve d’humilité pour les séduire et qu’elles nous accordent plus de temps et d’attention.

Temps et attention qui seront autant de “potentiels” de les accompagner et de les éduquer sur la longue voie du Lean …

 

Je terminerai par cette question :

 

Voulons-nous avoir raison ou voulons-nous “vendre” ?

 

 

 

 

 

Ne devrions-nous pas être un petit peu plus des docteurs Knock du Lean ?

 

 

 

 

 

 

2 Comments

  1. Bonjour Eric.
    Je prend toujours autant de plaisir à lire vos articles et tout autant à donner mon point de vue. 🙂

    Il y a, selon moi, 3 types d’entreprises/patient :

    La 1ere est l’entreprise en crise. Le Lean y est plus facile « à vendre » car tout le monde est conscient du problème de l’entreprise. C’est la base de l’amélioration continue. On ne fait pas du Lean pour faire du Lean mais pour améliorer une situation. Chaque matin, mon sensei me demandait quel problème je souhaitais résoudre ! Il ne me demandait jamais quel outil Lean je souhaitais mettre en place.

    Le 2ème type d’entreprise est celle qui n’est pas en crise et qui a, à sa tête, un bon entrepreneur. Ce patron a une vision pour son entreprise et donc a une idée des écarts à combler pour atteindre cette vision. En discutant avec ce patron, on identifiera vite les problèmes de l’entreprise et on pourra commencer à imaginer des contre-mesures basées sur la philosophie Lean.

    Le 3ème type d’entreprise n’est pas en crise et n’a personne qui anticipe les problèmes de demain. Ne pas avoir de problème, est un gros problème. Cette entreprise va vite se faire rattraper par ses concurrents, par le marché, par la technologie… Alors nous devons l’aider à découvrir ses problèmes. Dans ce cas, j’adore réduire les stocks et l’objectif de L/T de livraison. Les problèmes apparaissent. La crise est est créée…

    • Bonjour Gauthier,

      je vous remercie pour votre commentaire. C’est toujours pour moi un réel plaisir de vous lire.

      Je rebondis sur les trois types d’entreprises.

      La 1ère, celle en crise, s’intéresse au Lean alors que la plupart du temps il est déjà trop tard. Insufflez une nouvelle façon de penser ou de travailler, lorsque la crise a déjà cristallisé les émotions (peur de perdre son job, peur de la fermeture de la boite, on cherche une explication et bien souvent un coupable, etc …), c’est difficile. Une personne qui risque de perdre son job demain, vous écoutera poliment, mais n’aura pas la tête au Lean et à l’amélioration. Je ne cherche pas à m’améliorer quand il faut d’abord survivre … je ne sais pas si je suis clair dans mes explications …
      L’entreprise qui est intéressante est celle qui sent venir la crise, mais qui ne l’a pas encore subie.

      Et merci pour votre exemple avec votre Sensei…

      Le 2ème type d’entreprise … je crois en fait que je ne l’ai vraiment jamais rencontrée. Je connais de bons entrepreneurs, qui savent identifier les écarts …
      Mais en ce qui concerne la vision … cela s’arrête très souvent à « survivre » et si c’est possible, « croitre ».
      Je crois même pouvoir dire que c’est mon propre cas, mais ce serait un peu long à expliquer ici.

      Quant au 3ème type d’entreprise, c’est celui que je rencontre le plus souvent. En fait, c’est un peu un mix …

      En effet, la grande majorité des pme dans lesquelles je passe sont entre les deux. Je dirais : 2/3 3ème type, 1/3 2ème type.

      Ces patrons savent que des choses clochent dans leur boite. Ils savent que la concurrence est là. Mais tant que le jeu reste stable et que les concurrents leur laissent de la place pour respirer, alors cela ne va pas si mal. Et dans ce cas, pourquoi faire des efforts si ça ne va pas si mal ?…

      Certains se satisfont du « One shot ». La situation se dégrade, la concurrence prend le pas, la crise s’annonce … Vite on se tourne vers le Lean et/ou la TOC, on fait un chantier de progrès, on retrouve x points de productivité, ce qui nous remet en course … et puis « au revoir, revenez dans trois ans lorsque la situation sera de nouveau tendue »…

      Mais je ne peux pas leur en vouloir. C’est leur boite, leurs choix, leurs décisions, leurs libertés…

      J’ai souvent l’impression d’être un tabacologue qui accompagne ses clients afin d’arrêter de fumer, alors que je fume moi-même.
      99 % de mon temps n’est-il pas du Muda ? Alors ceux qui veulent que l’on travaille ensemble, je les remercie. Les autres, je respecte …

      Si je veux toucher et aider plus d’entreprises, à moi d’être meilleur, à moi d’être plus convaincant.
      Je ne maitrise pas tout bien entendu, et quelque part, heureusement. Mais ce n’est pas non plus que la faute des autres …

      Je crois qu’on oublie tous trop souvent ce fait.

      Amicalement et au plaisir de vous lire à nouveau.

      Eric

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