En exclusivité mondiale … ma méthode de résolution des problèmes !
Vous commencez maintenant à me connaître. Vous savez tous ô combien je suis généreux.
Eh bien dans mon infinie bonté, je vous livre gratuitement le fruit d’innombrables années de recherche, à savoir, ma méthode de résolution de problèmes.
Non, non, ne me remerciez pas … voyons, c’est trop d’honneur, vous allez me faire rougir !
Mais passons à l’essentiel : Pour résoudre un problème, rien ne vaut …
… de s’asseoir autour de chichis et d’un bon Kawa pour en discuter.
C’est Lean, je vous le garantis !
Peu d’investissement (un peu de farine, un peu d’eau, du café, une machine à chichis, une friteuse, un peu d’huile frelatée, une camionnette de fête foraine et une cafetière) pour un résultat super convivial.
Bon d’accord, je reconnais, le matos est un peu encombrant et voyager dans une “baraque à frites” n’est pas très confortable. En plus, après plusieurs heures de route, vous sentez le “graillon” … mais voilà, on n’a rien sans rien.
Bon après, si ma méthode ne vous plaît pas trop (je ne comprends vraiment pas pourquoi 😮 ), j’en connais une autre. Celle d’un illustre inconnu qui m’a piqué mon idée en l’appelant presque “tout pareil”. Il l’a juste un peu amélioré en remplaçant le matériel … par une feuille et un crayon …
Allez Chui sympa … j’vous en touche deux mots.
Le diagramme Hishikawa
Le diagramme Ishikawa tient son nom de son inventeur, Kaoru Hishikawa.
“Wikipédia mon ami” vous en dira plus (en français ou en anglais) sur ce “très grand petit bonhomme”.
Sachez juste qu’il a énormément œuvré pour diffuser les idées de Deming (et donc Shewart et son PDCA) et Juran, des grands manitous de la qualité, au Japon. C’est d’ailleurs parce qu’il était connu et reconnu au Japon, que la carrière de Deming a décollé aux USA. Ishikawa a très certainement joué un rôle non négligeable dans la célébrité de Deming.
Dès le début des années 60, Hishikawa travaille sur la notion de cercles de qualité (un peu tombés dans l’oubli aujourd’hui). Son fameux diagramme ne se diffuse de façon globale qu’à partir des années 80 (et encore dans les grands groupes), mais est sans doute né bien plus tôt.
Une des idées maîtresses qui reste dans le Lean est que l’on ne peut obtenir de réelle qualité sans impliquer les personnes de “la base”, c’est-à-dire les ouvriers qui fabriquent le produit. C’est la notion même de Gemba dont je vous parle régulièrement dans mes articles.
Mais au fait, c’est quoi un diagramme Ishikawa ?
Le diagramme Ishikawa est un diagramme de “causes à effet”.
Pour faire simple, son but est d’identifier et classer les différentes causes pouvant participer (ou directement entraîner) à l’obtention d’un effet.
L’effet est connu (des rebuts, une erreur, un problème). Il est factuel. Il s’est produit. Il est alors nécessaire d’investiguer afin de trouver ce qui a produit (les causes) cet “effet indésirable”.
Or, dans bien des cas, la cause du problème n’est pas unique.
C’est un ensemble de causes qui ont pour conséquence l’apparition de l’effet.
Par exemple, si j’oublie ma belle-mère sur une aire d’autoroute un jour noir de départ en vacances … ce n’est pas uniquement parce que j’ai envie de m’en débarrasser …
Plus sérieusement, pour l’avoir vécu (comme tout un chacun) chaque fois que vous êtes, stressés, speedés, … vous oubliez des choses ou faites des co……. . Nous avons tous en tête des courses un samedi après-midi à l’hypermarché du coin avec les deux enfants en bas âges qui se disputent “dans le chariot”. Vous pouvez être sûr qu’une fois arrivé à la maison, vous avez oublié d’acheter la moitié des courses.
Un Ishikawa, ça a quelle tête ?
Ça ressemble à ça !!!
Nota : Bien souvent, vous entendrez parler de “diagramme cause/effet”, de “diagramme en arrêtes de poisson” ou son double anglais “Fishbone Diagram”, de “méthode 4M”, de “méthode 5M”, etc.
Sachez que toutes ces dénominations distinctes ne font référence qu’au seul et même diagramme Ishikawa.
Comment le construit-on ?
Une feuille de papier, un crayon … et c’est parti.
Sur l’extrémité droite de votre feuille, à mi-hauteur, vous tracez une case décrivant l’effet à analyser.
Vous tracez vers la gauche votre “colonne vertébrale”. De cette colonne vertébrale partiront 4 “branches” que vous intitulez :
- Matière
Est-ce que la matière peut participer, par ces caractéristiques physico-chimiques, à l’obtention de l’effet ?
- Machine
Est-ce que la machine concernée peut participer, par son usure/jeu, sa complexité, sa configuration, ses caractéristiques nominales, son installation, etc., à l’obtention de l’effet ?
- Main d’œuvre (Homme)
Est-ce que l’homme peut participer, par son manque de formation, sa compétence, son inexpérience ou expérience, son physique, etc., à l’obtention de l’effet ?
- Méthode
Est-ce que la façon dont on procède peut participer, par sa complexité, son manque de visibilité, sa lourdeur, etc., à l’obtention de l’effet ?
Ces 4 “Ms” sont les “catégories” de base. La plupart du temps, il est ajouté le “Milieu” (le milieu est-il corrosif, humide, sec, poussiéreux, etc.). Dans certains cas, j’ai vu des branches “Moyens” et “Management” ajoutées, voire davantage …
Attention ! Plus vous ajoutez de branches, plus votre diagramme deviendra vite brouillon et illisible. Par ailleurs, il faut bien se poser la question de savoir si une branche ajoutée ne fait pas déjà partie d’une branche existante. En effet, est-ce que la branche Management, ne peut pas être intégrée à la branche Méthode ?
Une fois dessiné le squelette, il faut ajouter les causes éventuelles, perçues, estimées au diagramme. Ce sont les causes, que j’appelle, de “premier niveau”. Ce processus se fait généralement en groupe lors d’une séance de Brainstorming.
Par la suite, la méthode dit qu’une cause de premier niveau doit être décomposée en sous causes (niveau 2) qui elles mêmes peuvent-être décomposées en sous causes de niveau 3, etc., etc.
Tout ça, c’est l’orthodoxie, mais appliquée telle qu’elle … cela risque de vite devenir indéchiffrable …
Quelques trucs à savoir pour faire un Hishikawa
- Le diagramme permet la recherche de causes. Il est à la base de la résolution de problème. Or les problèmes ne surviennent pas que dans des environnements de production. Un Ishikawa peut se faire dans un bureau administratif, un service informatique, à la maintenance, un bureau d’étude, un hôpital, …
Dans un bureau, les branches Matière ou Machine n’ont pas une grande signification. Par contre d’autres intitulés de branches (et ne commençant pas forcément par M) peuvent avoir toute leur légitimité (voir l’exemple ci-dessous trouvé sur Internet).
- Je vous conseille de ne pas descendre à plus de “2 niveaux” de cause, car sinon on risque de ne plus rien y voir. Dans l’exemple ci-dessous, trouvé sur internet, l’Ishikawa descend jusqu’au niveau 4 (branche Préparation, niveau 1 Situation, niveau 2 Évaluation, niveau 3 Objectif, niveau 4, Formulation). Il reste toutefois assez clair parce que repris sur informatique, mais imaginez fait à la main … Galère.
Pour ma part, je “fais” les niveaux 1 et 2, je demande au groupe de choisir les trois causes principales selon la règle des “20/80”. Si cela est évident pas de souci, sinon je leur demande d’effectuer des mesures sur le terrain afin de parler avec des faits.
Ensuite, pour chacune des trois causes principales, j’applique un 5P (5P qui n’est pas toujours “mono fil”, je peux avoir 2 ou 3 branches, mais pas plus)
- Quand faire un 5P, qd faire un Ishikawa ? Je dirais que la limite est un peu floue. Personnellement, c’est la complexité qui me guide. Si les causes apparaissent au premier abord assez simples et peu nombreuses, le 5P me semble plus approprié. De même, plus on est proche du terrain et de l’intervalle court, dans un domaine très opérationnel, le 5P est pratique.
En revanche, si les causes sont nombreuses, simultanées, “imbriquées”, diffuses ou floues, je préconise de faire un Ishikawa.
Parfois, il m’arrive de démarrer un 5P et lorsque je constate que cela part dans trop de directions, je bascule sur un Ishikawa.
- Par expérience, il arrive qu’une cause puisse se trouver “à cheval” sur deux branches. Par exemple, un défaut de management peut-être perçu d’un point de vue “Main d’œuvre” (on va dire l’humain) mais aussi d’un point de vue Méthode (on va dire organisation). Que faire ?
Là encore, je n’ai pas de recette miracle.
Soit je place cette cause sur la branche qui me paraît le plus appropriée. Si la cause est perçue comme primordiale, elle sera soumise à une analyse 5P. Si tel n’est pas le cas, alors qu’elle soit sur une branche ou une autre n’a pas d’importance (je dirais alors qu’on s’en moque un peu, façon de parler).
Soit je place la cause sur les deux branches sachant qu’on abordera la cause sous deux angles différents. Sur une branche elle peut-être primordiale et destinée à un 5P, sur l’autre branche elle peut-être négligeable …
Dans tous les cas faites simple et adapté à votre contexte. Faites preuve de bon sens. Faites-vous confiance!
Et vous, êtes-vous plus Ishikawa ou Chichis + Kawa ?
Salut Eric,
Perso. je trouve plus simple la méthode du ChichisKawa, mais tout est affaire d’habitude, je suppose.
Merci pour ce moment de détente et d’instruction.
Bises,
Elisabeth
Salut Elisabeth,
plus simple, certes, mais aussi plus conviviale.
Par contre, elle demande plus de matos … et j’avoue qu’elle permet mieux de refaire le monde que résoudre des problèmes.
C’est un peu comme le café du commerce.
Bise et à bientôt,
Eric
Salut Eric,
TY pour cet article. J’ai encore trop peu utilisé le diagramme en arête de poisson (courante chez mes amis sri lankais, tout comme les A3 d’ailleurs…). Merci de nous le remettre en mémoire (faudra que je mange plus de poisson mais sans les arêtes…).
On parle aussi « beaucoup » des 7M (ajout Management + ajout Moyen financier ou budget ou ressources financières) mais après recherche 😉 c’est semble-t-il plus utilisé pour les domaines immatériels, les services, la gestion de projets. Ce qui a du sens pour le coup.
Je suis assez d’accord pour essayer de mettre le management sur plusieurs branches.
En parfaite phase avec toi sur la différence avec 5P et chichikawa avec le 80/20 pour simplifier… Du bon sens, encore du bon sens, toujours du …
A bientôt
Fred.
Salut Frédéric,
je te remercie pour ton commentaire.
C’est vrai que l’on entend souvent parler de 7M (Matière, Machine, Main d’œuvre, Méthode, Milieu, Management, Moyens), mais comme tu le dis si bien, plus souvent en gestion de projet et avec des significations parfois bien loin de celles rencontrées en usine.
Par contre, je reste un peu partagé sur la “multiplication des M”, car je pense qu’ils sont souvent des sous-catégories des quatre premiers.
Mais mon avis n’a guère d’importance. Si les 7M conviennent à leurs utilisateurs et permettent de résoudre leurs problèmes, alors restons pragmatiques, qu’ils continuent de les utiliser tels quels.
Sinon, à quand un Hishikawa “chez toi”? La prochaine fois que je viens ???? 😉
A très bientôt,
Eric
Cet article est très appréciable dans la mesure où vous utilisez au moins 3 outils pour résoudre un problème. Ce que j’ai retenu, en résumé:
1) Je discute avec les personnes concernés par le problème. Si plusieurs causent émergent => ISHIKAWA. Sinon => 5P.
2) Débroussaillage avec Mr Pareto.
3) 5P sur les problèmes restants.
Merci pour cette approche. On en veut encore!
Perso, j’ai un seul bémol concernant l’article : je suis plus thé que kawa 🙂
Bonjour Fabien,
merci beaucoup pour votre commentaire.
Juste deux petites précisions :
1) Oui pour la discussion. Si plusieurs causes distinctes émergent, je fais autant de 5S qu’il y a de causes. Je fais un Ishikawa lorsque je constate que les causes sont “imbriquées”, qu’elles sont mal définies, pas claires, nombreuses et sans prépondérances apparentes …
Bref, si situation claire => 5Ps; si situation brouillonne => Hishikawa (et dans ce cas on passe souvent par la case “Mesures”, pour commencer à y voir plus clair).
2) OUI, permet de fixer la priorité en fonction de l’occurrence
3) OUI, pour aller au fond des problèmes qui reviennent les plus souvent
Enfin, pour tout vous dire, moi aussi je suis plus thé que Kawa, mais “ChichiThé”, ça sonne quand même moins bien que “ChichiKawa”. 😉
Au plaisir de vous lire à nouveau.
Bien cordialement,
Eric
…et si le diagramme d’Ishikawa n’était pas fait pour rechercher et trouver les causes, mais pour expliquer la démarche de résolution du problème et prouver au lecteur ou à l’assistance qu’on a bien fait ses expérimentations ?
Mmmmmmhmmm?
Salut Manu,
content de te retrouver ici et merci pour ton commentaire.
Belle question.
Ce qui est sympa avec le Lean et ses outils/méthodes ce sont les différents degrés que tu aperçois en les pratiquant.
Le premier degré est bien, me semble-t-il, la recherche des causes racines d’un problème en utilisant le côté systématique de la méthode.
Cela a déjà l’énorme intérêt d’éviter le fameux « saut de Tarzan » (sauter du problème à la solution sans analyse).
Au second degré, il y a aussi un intérêt pédagogique certain et un moyen de convaincre son auditoire.
Quel est le troisième degré ?
Amicalement,
Eric