Il y a …
le Yin et le Yang,
l’absolu et le relatif,
le côté clair et obscur de la force 😉 ,
et bien d’autres oppositions auxquelles nous sommes confrontés quotidiennement.
Nous les connaissons, nous y sommes habitués … et tant bien que mal (elles sont même présentes dans nos expressions), nous naviguons …
Et dans le cas du Lean ?
Eh bien nous retrouvons les mêmes oppositions :
- Muda (gaspillage, perte) VS économie (pas gain, mais plutôt non perte)
- Mura (variabilité) VS stabilité (lissage de la demande, de la charge, …)
- Muri (surcharge, difficulté) VS équilibre, simplicité (pas de speed, pas de pression)
- Lots et files d’attente VS flux continu
- 5S VS “bordel” et manque de place
- PDCA VS “action-réaction”
- Surproduction VS juste pour juste, juste à temps
- Kaizen VS ????
Quel est le contraire du Kaizen ?
C’est vrai, ça !!! On parle toujours du Kaizen, on vous l’explique en long en large et en travers, … mais on ne nomme jamais son contraire.
Pourtant, il est plus facile de voir et d’identifier “le mal” lorsqu’on lui donne un nom …
Par exemple …
Si vous êtes
Si vous êtes
Si vous êtes
Mais pour le Kaizen, … point de contraire …
Il faut donc en inventer un !!!
Sans plus rentrer dans les détails, Kaizen est la concaténation de “Kai” qui signifie “changer” et de “Zen” qui est traduit par “bon”. En gros, “changer vers du mieux” soit, s’améliorer.
De plus, une des caractéristiques du Kaizen est l’amélioration par petit pas … associé aussi au côté “Zen”.
Eh bien le contraire du Kaizen, … c’est le Kaibad
Ne cherchez pas sur internet, je viens d’inventer le terme …
“Kai” pour “changer”, “bad” pour “mauvais”.
Par opposition au Kaizen, le Kaibad est constitué par toutes ces petites décisions qui, prises au fil du temps et accumulées pendant des années, finissent par plomber les performances de votre boite.
Chaque décision, prise une à une, n’est pas bien méchante ! Et c’est cela qui est grave, car …
on n’y prête pas attention !!!
Comme un robinet goutte et gonfle sérieusement votre facture d’eau, une conduite nerveuse vous fait consommer quelques hectolitres de carburant en plus tous les ans, une maintenance préventive que l’on néglige vous coutera 100 fois plus cher en réparation, etc., etc.
Mais je ne vous fais pas languir davantage …
Deux beaux exemples de terrain
- J’interviens actuellement au sein d’une entreprise qui est sur la voie du Lean. La direction de cette ETI est convaincue par les bienfaits du Lean. Elle est sincère et l’a prouvé depuis plusieurs années par ses actions et les moyens qu’elle s’est donnés.
Le directeur industriel est fan du Lean.
Pourtant, sur un flux que nous étudiions, il a proposé spontanément de générer un Kaibad, à savoir, ajouter une opération de vérification … qui finalement n’apporte aucune valeur ajoutée et ne résout pas le problème à la racine.
- Cette autre entreprise du monde de la pharmacie a, au fil du temps, ajouté tellement de Kaibad au dossier qui accompagne les lots fabriqués, qu’il arrive souvent que le temps passé à créer le dossier et à le remplir soit supérieur au temps de fabrication du Lot.
Par ailleurs, le dossier est devenu tellement complexe et difficile à remplir, qu’il a été nécessaire d’ajouter une étape de contrôle. Cette tâche est assurée par plusieurs personnes du service Qualité. Ces personnes “s’emm….” à faire ce travail répétitif et ingrat. Elles ont toutes “bac+5” et perçoivent très bien qu’elles n’apportent aucune valeur ajoutée à effectuer cette tâche.
Utiliser ces têtes “bien faites” pour participer à la performance de l’entreprise ne serait-il pas plus judicieux ?
Mais comment en est-on arrivé là ?
Ce n’est pas très difficile à comprendre.
Le Kaizen nécessite un effort. C’est une démarche volontaire et constructive. C’est aussi un état d’esprit.
Le Kaibad ne nécessite aucun effort. Il est le résultat d’une décision. Bien souvent, cette décision est prise dans l’urgence. Elle est souvent temporaire, au départ, … mais devient du temporaire qui dure dans 95 % des cas.
Le Kaibad est la conséquence d’une attitude.
Celle de céder à la facilité … sans en avoir conscience.
En effet, il est facile de rajouter une étape de contrôle, lorsqu’un problème de qualité survient.
Il suffira que l’opérateur vérifie “tel point” … puis “tel autre point” … puis “tel autre point” … puis “tel autre point” … puis “tel autre point” … puis “tel autre point” … puis “tel autre point” …
Après quelques années, vous obtenez … une belle usine à gaz !
Mais cette usine à gaz, vous ne la voyez pas se créer.
Elle se bâtit tout doucement, jour après jour.
Pour peu que votre entreprise se développe, vous trouvez normal que ses processus se complexifient.
Pourtant, vous constatez un jour que le nombre de vos salariés a triplé … pour un chiffre d’affaires qui n’a que doublé …
Mais rassurez-vous …
Le but de cet article n’est pas de vous faire culpabiliser.
Mon temps, comme le vôtre, est occupé à 99 % par du Muda. Nous essayons tous de bien faire et de nous améliorer.
Je vous demande juste de réfléchir 5 minutes.
Lorsque vous prenez une décision relative à l’organisation de votre boite, vous posez-vous
systématiquement la question de savoir si celle-ci apportera de la valeur ajoutée à long terme ?
Essayez simplement de vous forcer à faire cette démarche et vous prendrez conscience de l’existence du Kaibad.
Nota : Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Lorsqu’il y a le feu, il faut prendre d’urgence la décision d’éteindre l’incendie. Vous avez raison !!! Mais ensuite … Une fois éteint, est-ce que je laisse le pompier sur place au cas où le feu repartirait ?
Nota 2 : Vous ne connaissez pas l’antidote au Kaibad ? PDCA, cela vous dit-il quelque chose ? 😉
Et vous, êtes-vous plutôt “Kaizen réfléchi” ou “Kaibad à l’emporte-pièce” ?
toujours aussi pertinent
Merci C.
c’est gentil.
Eric
Salut Eric,
Avant de connaître les joies du lean et de commencer à me poser des questions (je veux dire des bonnes question), j’étais plutôt kai(bad)², étant depuis quelques années dans un poste fonctionnant en mode pompier (qualité). Mode pompier = pas le temps pour réfléchir trop longtemps et/ou trop loin = scotch, sparadrap,ou ruban adhésif pour résoudre les problèmes = le problème revient sous la même forme ou sous une autre = on perd son temps à résoudre toujours les mêmes problèmes qui reviennent encore et encore. Sans l’effort de se poser et s’arrêter, impossible de construire sur le moyen et encore moins le long terme. Le lean permet, même si on choisit de pas le faire quelle qu’en soit la (mauvaise) raison, de prendre conscience que ce que l’on fait est bad. Ce qui est déjà un petit pas dans le bon sens… Fred.
Salut « gyselinck »,
rassure-toi, je suis toujours en train de faire du Kaibad.
La seule chose qui diffère, c’est qu’en étant conscient de cet état de fait :
1) Cela m’oblige à garder les pieds sur terres en me disant « tu n’es pas mieux que les autres ».
Cela me permet de ne pas être trop péremptoire lorsque je suis en intervention. J’aime aussi à croire
que cela m’aide à renforcer mon humilité et à comprendre pourquoi le chemin du Lean doit s’accompagner de patience.
2) Cela « gratte » mon ego et c’est suffisant pour … essayer des petit « trucs » pour m’améliorer.
Comme tu vois, tous les défauts qu’ont mes clients, je les ai aussi.
Mais je le sais et j’essaie de continuer à avancer. Comme toi en ce moment (encore bravo) !!! 😉
A bientôt « gyselinck ».
Eric