… pour résoudre vos problèmes de façon Lean !
Vous, moi, nous tous, sommes …
… formatés !!!
Dans l’article Un autre regard, je vous proposais il y a quelques semaines une autre vision de l’obsolescence programmée …
Une vision dans laquelle il serait possible de détourner les défauts actuels de l’obsolescence programmée en la “couplant” au Lean.
Cela permettrait de s’éloigner un peu plus de notre société de consommation (propriété) pour évoluer vers une société de la fonctionnalité (utilisation).
Dans cette optique, je vous propose aujourd’hui de nous interroger sur la façon même dont nous abordons nos problèmes.
Le saut de Tarzan
Je vous l’accorde, il n’était pas le plus beau, pas le plus musclé, …
en un mot, pas le plus sexy …
Mais c’était “mon premier Tarzan” !
J’étais gamin. Ma sœur et moi regardions avec avidité sur notre télévision “noir et blanc” les aventures déjà un peu fanées du premier Tarzan cinématographique parlant…
Hommage à ce champion olympique de natation … Johnny Weissmuller
Mais revenons à nos moutons.
En résolution de problème, nous appelons “le saut de Tarzan” le fait de sauter directement du problème à la solution en prenant une décision qui se base sur l’apparence des choses (la partie visible de l’iceberg qu’est le problème).
Aussi, la plupart du temps, nous ne résolvons pas notre problème. Nous ne faisons que pallier le problème en “collant une rustine”. Cela s’appelle une mesure conservatoire. C’est nécessaire pour éteindre l’incendie …
… mais cela ne suffit pas pour RÉSOUDRE le problème …
et celui-ci resurgira alors un jour ou l’autre !
Le saut de Tarzan n’est pas une cause; c’est une conséquence
Comme expliqué précédemment, la pratique du “saut de Tarzan” pénalise notre résolution de problème.
Longtemps, j’ai cru que cette attitude était la cause de bien des soucis dans tous les domaines.
Mais en fait, le “saut de Tarzan” n’est qu’une conséquence de notre formatage, une conséquence …
… de notre façon d’aborder les problèmes !!!
La manière classique
C’est celle que nous (et je me mets bien sûr dans le lot) pratiquons INSTINCTIVEMENT !
Face à un problème à résoudre, nous nous posons à peu près toujours la même question, à savoir :
Que faut-il pour … ?
Bien que très sensée, cette question sous-entend “Que faut-il rajouter pour …?”
INVARIABLEMENT, SYSTÉMATIQUEMENT, la réponse qui émerge INSTINCTIVEMENT est :
Des moyens / des ressources … supplémentaires !!!
Écoutez les revendications des représentants syndicaux (ou non syndicaux) (Police, hôpital, justice, armée, éducation nationale, fonction publique territoriale et grandes entreprises) …
D’ailleurs, c’est parfois tout à fait justifié. Souvent, cela ne l’est pas.
Je rappelle juste que comparativement, la France est dotée d’un système éducatif (Éducation Nationale) qui dispose d’autant de ressources et moyens (et même souvent plus) que ses voisins, pour des résultats d’intégration et de réussite scolaire bien en deçà.
Même s’ils semblent se stabiliser, les effectifs de la fonction publique territoriale n’avaient cessé d’augmenter depuis les années 80. Parfois cela se justifiait (politiques de centralisation), parfois … non (le service perçu par le citoyen n’étant pas nécessairement amélioré par l’embauche de personnel).
Face à une surcharge de travail sur une machine, dans nombre d’entreprises, le premier réflexe sera d’envisager l’achat d’une seconde machine.
Mais savoir si cela est justifié ou non, n’est pas le but de mon propos.
Le sujet de l’article est bien : “Dans quelle posture se place-t-on pour aborder la résolution d’un problème ?”
Une autre posture
Au fil du temps, je me suis rendu compte que le changement de posture pour aborder la résolution d’un problème … conduisait à des “solutions” bien différentes.
Cette autre posture, la voici. Au lieu d’aborder un problème en se posant la question : “Que faut-il pour … ?” posons-nous plutôt la question :
Qu’est-ce qui m’empêche de … ?
Cette fois, la question ne sous-entend plus “Que faut-il rajouter pour …?“, mais sous-entend plutôt :
Que faut-il enlever pour … ?
Que vous le croyiez ou non, cette subtilité est essentielle !! En effet, la première posture va vous porter vers l’ajout de valeur ajoutée (des moyens, des ressources) pour atteindre un objectif, là où la seconde posture vous poussera à …
… enlever de la non valeur ajoutée (MUDA) !!!
C’est la raison pour laquelle cette seconde posture est beaucoup PLUS LEAN !
Vous commencez à me connaitre. Appuyons-nous sur un exemple vécu sur mon terrain “de chasse au Muda”.
Révolution à la Compta
Dans le cadre d’un accompagnement d’une belle PME sur la voie du Lean, je suis amené à faire un chantier de progrès au sein du service comptable.
L’entreprise se développant, sa direction souhaitait avoir des outils financiers de rentabilité. Naturellement, et comme dans beaucoup de PME, le responsable du service comptable fait aussi office de responsable financier. Il lui était donc demandé de pouvoir “sortir” ces rapports financiers.
À l’époque le service comptable compte quatre personnes (responsable inclus).
Le problème est : Le service comptable n’édite pas les rapports financiers d’analyse de la rentabilité attendus par la direction.
Nous réunissons le service comptable en groupe de travail.
À la question :
“Que faut-il pour que le service comptable édite
les rapports financiers d’analyse de la rentabilité ?”
le groupe a immédiatement répondu “il faut une personne en plus !!!”.
À la question :
“Qu’est-ce qui empêche le service comptable d’éditer les rapports financiers d’analyse de la rentabilité ?”
le groupe a immédiatement répondu “le manque de temps”.
Forts de ce constat, nous avons alors cherché à libérer du temps et voir si des tâches chronophages n’apportant pas de valeur ajoutée existaient. Nous avons constaté que les comptables vérifiaient la correspondance des bons de livraison et des bons de commande, avant de créer les factures.
Or, cette activité de vérification ayant déjà été effectuée précédemment par deux autres services, les comptables vérifiaient des choses justes. Ces temps de vérification n’apportant aucune valeur ajoutée, il a été décidé de les supprimer purement et simplement.
Pour l’avoir vécu, je peux vous garantir que cela a été perçu comme une révolution et qu’il a fallu l’engagement du chef d’entreprise en personne avant que le service n’accepte l’idée de générer des factures “à l’aveugle”, sans rien vérifier.
Mais les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le service comptable a économisé 900 heures par an !!!
Depuis, la Compta édite tous les mois (et parfois même, à la demande) des rapports financiers sur la rentabilité de l’entreprise.
Cela a permis de lever quelques “loups” et de prendre des décisions stratégiques pour l’entreprise …
… sans avoir à ajouter de ressource
supplémentaire au service comptabilité !
Et vous, qu’est-ce qui vous empêche d’être plus performant ?